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jeudi 1 mars 2012

La croissance spirituelle: suppression de l'égo ou amélioration de l'ego ?

Qu'est ce que la croissance spirituelle ?

Aloha !
J'aborde ici dans cet article la question de la croissance spirituelle.. c'est plus un article pour inviter à la réflexion, que pour déclarer une vérité que je serais censé détenir moi...comme si il existait quelqu'un de parfaitement sage sur cette planète..derrière cette question se cache aussi bien sûr une autre question "qu'est ce que la spiritualité ?"..
L'approche encore dominante de la "spiritualité", y compris dans nos pays, provient de l'Orient, avec une mode superficielle de méditation et de zen, sans que la plupart des gens se posent la question de la vision du monde sous jacente et des contradictions entre l'Orient et l'Occident. En effet la religion catholique officielle ayant mis de côté toutes les expériences psychiques ou méditatives dans l'enseignement donné au grand public, elle s'est trouvée de fait réduite à un enseignement moral et un enseignement d'engagement dans le monde, qui d'ailleurs garde une belle valeur.
L'approche dominante en Orient est que l'obstacle à la sagesse spirituelle et à un soi-disant éveil (défini de façon élastique) est l'ego, la personnalité. Il convient alors pour ces approches de supprimer l'égo...j'ai une video d'une femme célèbre en Inde, gourou, dans laquelle un des swamis déclare avec fierté "elle démolit la personnalité complètement".
La méthode en général préconisée en Orient pour arriver à cette élimination de l'ego est de se soumettre ("surrender") à un gourou censé être lui "sans-ego" et parfait.
Une telle approche, une telle vision du monde mérite d'être questionnée, avant d'y adhérer sans réserve, au moment où nous entrons de plein pied dans l'ère du Verseau, et ou un nombre grandissant de personnes vont se tourner vers "la spiritualité"... quel sera alors l'agenda dominant de cette spiritualité ?: s'agira-t-il de réaliser que l'ego "n'existe pas" et "doit être éliminé", soit en se soumettant à un gourou (auto proclamé sans aucun regard de ses pairs), soit en méditant sur la prétendue "vacuité de l'ego" et en le démontant pièce par pièce (pensées par pensées) afin de démontrer que l'ego n'est qu'une suite de pensées et n'a pas d'existence propre, de la même façon que l'on pourrait montrer que le coeur n'existe pas car il est composé de plusieurs parties (ventricule droit, gauche)..sourire...
Je pense pour ma part, après 25 ans de pratique, et en voyant l'effet sur moi et sur les personnes que je côtoie, que baser la croissance spirituelle sur une élimination de l'égo (qui serait censé être illusoir) est une idéologie extrémiste. Il est exact que l'acte même de la soumission ("surrender)" à une personne, ou une idéologie, génère, à court terme, de fortes émotions agréables, en tout cas différentes pour la plupart des personnes, que celles de l'état ordinaire, à fortiori si la personne à des tensions et des conflits internes... En se soumettant à quelqu'un, ou à une idéologie, c'est à dire en s'ouvrant complètement, l'autre devient le centre de notre attention et nos problèmes internes semblent avoir disparus... d'autant que cette adhésion inconditionnelle se partage à plusieurs et crée donc du lien et des valeurs, toute chose rare dans la civilisation occidentale, en passe de perdre ses totems (la réussite sociale).
Un autre postulat de l'approche orientale dominante est qu'il faudrait réaliser l'unité de toutes choses, ceci serait alors la "réalisation ultime" et gage de hauteur spirituelle. Or les faits montrent que de telles expériences unitives se produisent chez les gens parfois en dehors de tout contexte dit "spirituel" et dans le cadre d'activité "profanes".. par exemple par la pratique de sports collectifs ou individuels, il est arrivée souvent à des personnes de ressentir un vécu où tout semblait uni et couler de la même source. Il en va parfois de même dans la pratique d'un art, d'un travail passionnant, etc.
La sagesse chamanique nous apprend que l'univers, et nous même, avons deux facettes: une facette individuelle, visible, et une facette unitive, moins visible au premier regard..
Je pense pour ma part que ces deux aspects de nous-même sont tout aussi importants, que l'individualité a son importance et sa raison d'être, que notre caractère a son importance. Je suis aussi un individu, une âme incarnée, avec mon histoire, mon passé, mon futur, qui dépend de l'exercice de mon libre arbitre. Me soumettre sans réserve à une autorité ou une personne extérieure, dans l'espoir de voir ainsi résolu mes propres problèmes, cela fait il sens, et quels résultats peut-on ainsi constater ?
Ma vision, que je partage ici, est une vision plus équilibrée, où les deux aspects de nous-même sont vrais et reliés (certains appellent cela une dialectique).. concernant mon individualité, plus je développerai des qualités (autrefois appelées vertus théologales), plus je serai dans un chemin de transformation de l'être et dans la croissance de l'être, avec des implications sur mes chakras, etc.... parmi ces qualités, on peut citer: l'ouverture aux autres, l'écoute, la générosité, la patience, la simplicité et l'absence de prétentions démesurées, une forme de contentement, la tolérance d'un point de vue différent, mais aussi le courage d'être autonome et de ne pas dépendre de quelqu'un, accepter d'aller vers l'inconnu et la découverte de l'univers avec enthousiasme et des peurs maîtrisées, la créativité, le dialogue avec mes parties blessées, la discrimination, la vision du monde, l'engagement personnel envers autrui et le monde, les relations.
Il ne s'agit pas là d'éliminer l'ego mais de le faire grandir vers de belles qualités et une souplesse intérieure, une intégration. Dans ce cadre, la rencontre de quelqu'un qui pense détenir une vérité (intellectuelle, énergétique, pratique) peut venir enrichir mon parcours, mais la soumission et la disparition de mon identité au profit d'une expérience d'éveil espérée, une limitation de la psyché à l'instant-présent, ne constitue pas, à mon sens, une croissance spirituelle, mais une régression à l'état perdu de la petite enfance, voir une source potentielle de perte de sens et de dépression.
C'est à chacun de devenir sa propre lumière, et cela ne passe pas par l'abandon de son individualité (tautologie).
Il est exact de dire que, outre la croissance spirituelle, la spiritualité est aussi l'expérience de quelque chose de plus grand que nous (via la relation à l'autre, via l'ouverture à cette énergie créative et unitaire qui nous entoure)..et cette ouverture est une forme d'abandon en effet. Mais ce n'est qu'une facette de la pièce.
Une spiritualité authentique et actuelle est pour moi, une dialectique entre individualité préservée et enrichie (nous devenons ainsi notre propre lumière avec un ego préservé), et ouverture à l'inter-relation de toutes choses.
L'idéologie de la stigmatisation de l'ego et de sa nécessaire élimination par la soumission à une autorité extérieure estimée parfaite, ou par des pratiques de méditation destinées à casser l'identification, mérite d'être questionnée. L'avenir de notre planète dépend sûrement aussi de la capacité à avoir des idées, une vision du monde (donc un ego et un mental préservé, renforcé et enrichi), ainsi que sur de meilleurs relations avec autrui et avec la planète.. des relations saines avec autrui (y compris avec un supposé guide spirituel) ne se basent pas sur une absence de frontières mais sur une gestion sage de nos propres frontières, gage de survie et de croissance de la personne et de l'Âme.
Faire l'économie d'une réflexion sur la méta-spiritualité (qu'est ce que la spiritualité ?) ne me semble pas une bonne idée, à l'entrée dans l'Ere du Verseau.. c'est aussi par cet échange que nous humains pourrons restaurer une harmonie perdue et assumer notre propre grandeur, dans les plans terrestres et célestes, qui sont tous deux divins.

1 commentaire:

  1. Si je devais donner une note à ce texte méditatif je donnerais sans regret un dix sur dix. Merci. gnaquarius

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