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mercredi 18 avril 2012

L'approche cachemirienne et les peurs


Quelques extraits des propos d'Eric Baret pour gérer la problématique des peurs qui peuvent nous habiter.

Quelle serait, à votre avis, la voie la plus directe pour parvenir à la perception du divin?
Par l'acceptation totale de l'absence de divin. Par la prise de conscience que tout votre fonctionnement est sans cesse refus, sans cesse ajournement. Par la prise de conscience que l'on vit uniquement dans la mémoire, que le corps vit sans cesse dans l'attraction-répulsion, dans la peur, qu'il y a sans cesse cette référence à soi-même.
 Quand vous voyez que profondément il n’y a que l’insécurité, il y a un certain basculement qui se fait. Il n’y a que l’insécurité. Quand vous l’avez reconnue, corporellement et mentalement, vous décollez de cette insécurité et là vous rejoignez la sécurité profonde. Il n’y a pas de sécurité corporelle. Votre corps est fait pour être écrasé par un camion. Tôt ou tard, votre corps ne pourra pas éviter tel ou tel accident. Vous ne pouvez rien changer à cela. Vous pouvez apprendre les arts martiaux, vous pouvez acheter un revolver, mais vous n’enrayerez pas l’insécurité. La seule manière de vivre avec l’insécurité, c’est de l’accepter totalement. L’insécurité fait la beauté du corps, fait la beauté de la vie. Toute la créativité de la vie y participe, sinon elle n’aurait pas d’éclat. Il faut faire la différence entre l’insécurité psychologique et l’insécurité physiologique. L’insécurité physiologique est purement fonctionnelle. L’émotion à la vue d’un lion va mettre en branle masse musculaire et orchestrer tout un processus de fuite rapide. Cette réaction chimique et les processus mis en branle par l’émotion sont purement physiologiques, fonctionnels. Généralement, l’insécurité est psychologique.
C’est l’amour qui l’enrayera. L’amour de votre structure. Eprouvez complètement votre structure corporelle dans un espace et vous verrez la peur disparaître. La peur est une restriction.

(…)
Beaucoup de maladies viennent de la peur : peur du passé, peur du futur, peur de perdre, peur de ne pas faire face, peur de ses pulsions et de ses impulsions. Quand vous écoutez votre corporalité, votre structure, la peur psychologique vous quitte. La peur psychologique paralyse l’action alors que la peur physiologique donne la possibilité de réagir avec la rapidité nécessaire.
(…)
La plupart des humains éprouvent une insécurité psychologique. Ils aiment ou n’aiment pas telle ou telle personne, telle ou telle situation. Dans la vie, il n’y a rien à aimer ou à ne pas aimer. Tout est rythme et vibration. A ce moment-là, la vie devient plus fonctionnelle. Il faut analyser la structure du corps. Que se passe-t-il quand quelqu’un vous agresse ? Que se passe-t-il, dans le corps, quand vous vous rappelez tel ou tel événement qui s’est produit alors que vous étiez plus jeune ? Que se passe-t-il quand vous pensez à telle ou telle personne ou à telle autre qui a quitté ce monde ? Comment réagissez-vous ?
Ecoutez votre structure corporelle sensorielle sans tirer de conclusions. Vous allez bientôt découvrir une très grande sensibilité dont le corps n’est qu’un camouflage psychologique.  Ecouter convenablement son corps, c’est le sens civique de la vie. Si vous ne le faites pas tous les jours, il y aura agression. Quand vous écoutez vraiment, tout élément psychologique disparaît. Il peut rester des relents, des traces, mais ils ne sont plus des références qui vous tiennent prisonnier. "

C'est un peu comme une farce tragique: on est constamment entrain de dire non à ce qui peut nous montrer nos limitations, pour vivre dans une hypothétique de sagesse, de liberté. Alors on ne veut surtout pas se voir dans la peur, dans l'incertitude, surtout pas se rendre compte que l'on ne sait rien, que l'on ne peut rien. Donc on ajourne constamment ces opportunités pour vivre dans une image spirituelle, de méditer, de devenir comme ceci et comme cela, d'être libre de ceci et de cela. Mais un jour on se rend compte du mécanisme; alors il y a changement. On ne cherche plus à devenir quoi que ce soit, à éviter quoi que ce soit.
C'est la fin de tout enseignement spirituel, c'est le début de la vie spirituelle. Il ne peut pas y avoir les deux à la fois.
Un homme sensé, c'est quelqu'un qui vit en harmonie avec ses émotions: il connaît ses peurs, ses anxiétés, ses jalousies, ses culpabilités, et il est complètement en accord avec elles. Quand quelqu'un s'ouvre à ses émotions,celles-ci quittent leurs prolongations pathologiques, elles deviennent poétiques. Au lieu d'avoir peur de sa peur, on écrira sur la peur, on peindra sur la peur, on fera de la musique sur la peur. 
Quittez toute voie spirituelle. Restez chez vous. Jetez vos tofus et votre prétention à la paix par  l'alimentation, le yoga ou le taî-chi-chuan. Regardez. Ressentez. Regardez combien vous vous enfuyez de la réalité quotidienne. Pas de recette, d'exercice, d'attitude à observer. Etre lucide. Sentez la peine, la tristesse, la peur. C'est Dieu en activité. C'est votre chance. 
Quand vous ne prétendez plus que les choses devraient être autrement, mais que vous vous donnez à ce qui est dans l'instant, tout est possible.
Se familiariser avec cette disponibilité aux instants de la vie. Je n’ai pas besoin de changer quoi que ce soit en moi : mes peurs, mon arrogance, mes prétentions, mes limites, tout cela m’est nécessaire pour pressentir le sans-limite.

2 commentaires:

  1. oh ben il me convient bien ton article Phil, si tu savais comme tu viens de me rassurer et aussi répondre à mes questions. je me culpabilisais justement sur certaines de mes émotions, donc si j'ai bien compris, les accepter c'est déjà faire le pas de les libérer ? parfois c'est difficile on est comme emprisonnée dans celles ci et c'est là toute ma difficulté à les regarder sans me les approprier. en fait je me les approprie tellement parfois que je réagis sans aucune réflexion.
    merci pour cet article :)

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  2. Ben oui on est parachuté sur terre sans le mode d'emploi... on fait quoi avec nos émotions, nos pensées, celles qui nous encombrent ?? pas appris à l'école !
    Dommage..
    Accueillir l'émotion (même déplaisante), laisser se développer, accompagner par le souffle, ensuite il y a comme des tremblements du corps et la charge part... se faire accompagner si nécessaire. Le Centre nous stabilise au quotidien..
    Une thérapie mentale ne suffit pas toujours (pensée positive, etc...), il peut falloir une thérapie psycho-corporelle pour atteindre le corps émotionnel...
    Phil

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