Aloha !
Avec un peu d'expérience, la voyance, on finit par soupçonner que les choses importantes de la vie sont déjà arrangées d'avance... peut être finit-on alors d'être en guerre avec la vie et de prétendre de mieux savoir que Dieu ce qui doit se passer ? On laisse venir les personnes, on les les laisse partir... j'ai toujours mes préférences dans la vie, mais peut être ai je perdu l'illusion de pouvoir me nourrir d'une rencontre, d'une situation ? Quand on a eu la chance de conduire les plus belles voitures ou de fréquenter les plus belles femmes, on finit peut être par guérir de certains fantasmes ? Mais on ne met pas un stock de liberté ou d'amour de côté pour toujours, c'est bien un art de vivre d'instant en instant... remplacer ses désirs par des préférences...
Je mets ici quelques lignes d'Eric Baret (Le Seul Désir, édition Almora). J'aime ces passages, quand il s'agit ainsi juste d'une invitation à un art de vivre.. la spiritualité se fait alors légère... quand il n'y a pas de prétentions à expliquer notre nature (ontologie) ou celle du monde... pas de systèmes..
"On ne désire que la tranquillité et on a l'impression que la Légion d'honneur ou une nouvelle maison nous la donnera. Ce que l'on désire vraiment, c'est être satisfait. Or, aucune situation n'a le pouvoir d'être totalement satisfaisante. Elle résonne en tant que souvenir; on pense par association d'idées que, si l'on avait une piscine, ou plus d'argent, ou un corps différent, ou un nouvel enfant, si l'on était divorcé, ou plus jeune - chacun selon sa fantaisie -, on serait tranquille et heureux....Mais le désir commun à tous, c'est le désir de tranquillité.
On peut conduire une Maserati rouge et être tranquille. La tranquillité n'empêche pas d'avoir une ravissante maîtresse ni de jouer au football. Simplement, on se rend compte que la tranquillité n'est pas dans la Maserati, ni dans la ravissante maîtresse, ni dans le fait de jouer au football. Donc, quand votre maîtresse préférera le voisin et quand vous vous serez détruit la cheville en jouant au football, cela ne vous manquera pas.
La tranquillité n'empêche aucune activité. Elle empêche seulement de prendre l'activité pour ce qu'elle n'est pas. L'activité est ce qu'elle est. Caresser un chat, caresser une maîtresse ou caresser une voiture est ce que c'est: beauté absolue, symbole - mais jamais cause - de notre liberté. La situation ne contient pas ce que je cherche. Mais toutes les situations sont possibles, cela n'empêche rien.
Aussi longtemps que l'on cherchera la tranquillité dans une situation, il y aura une forme de confusion. On ne pourra jamais se réjouir vraiment de la situation, parce qu'il y aura toujours une peur. Si je crois que la tranquillité est dans la Maserati, j'aurai peur qu'on me la vole. Si je pense que ma joie vient de cette femme, je ne serai jamais complètement tranquille, parce qu'elle peut mourir, parce qu'elle peut partir.
A un moment donné, on voit cela clairement. Et si l'on sait qu'il n'y a rien dans cette situation affective, mentale, financière, là on peut enfin agir librement. On peut gagner de l'argent et en perdre, parce qu'on sait qu'il n'y a rien là-dedans. On peut prendre tous les risques, parce que l'on sait que l'on ne risque rien.
Question: Que devient la relation amoureuse dans tout ça ?
La légèreté et l'humour constituent la relation; tout est ouvert. Ca vient, ça part, on est clair. C'est là que la beauté, que le jeu peut intervenir. Mais si la possibilité que ma femme me quitte me traumatise affectivement, je ne serai jamais vraiment là. Je serai dans l'idée que peut-être, si je fais ceci, si je dis cela, si je suis comme ci ou comme ça... Non ! Je suis présent.
Toute attente ôte la beauté, ôte la capacité. Quand on n'attend rien, on se situe dans le plein. Quand on se situe dans le plein, on a un rapport différent avec les situations.
Rendez vous compte que ce que vous demandez à quelqu'un, c'est votre propre tranquillité. Penser qu'une relation humaine va vous combler, ce n'est pas réalisable.
Cela n'empêche pas de vivre, de se marier, d'avoir des enfants, de fonctionner. Mais on arrête de demander à son mari ou à sa femme de nous combler, parce qu'ils ne peuvent pas le faire, parce qu'ils n'ont pas à le faire. Cesser de croire à ses contes de fées, c'est donner une liberté à l'autre. C'est arrêter de l'utiliser pour sa fantaisie personnelle. Donc c'est une preuve d'amour et d'affection. Tant que l'on demande à l'autre de nous combler, c'est qu'on se sert de lui comme d'un objet: s'il ne nous comble plus, on le change ! Quand on aime profondément quelqu'un, on se lui demande rien. Une relation profonde se crée.
Il ne s'agit pas de s'empêcher de demander, mais de voir le mécanisme. Quand je demande, je suis dans la misère. Tant que j'attends quelque chose de ma femme, de mon mari, de mon enfant, de mon corps, de ma voiture, je suis dans la misère. Et dans les moments où je ne demande rien, je m'aperçois qu'il y a cette tranquillité, cette disponibilité dans laquelle je peux enfin être présent à ma femme, à mon mari, à mon enfant, à mes parents.... Je suis présent parce que, à ce moment-là, j'écoute...
Quand je demande, je n'écoute pas..
Dans une relation intime avec un être humain, il n'y a que jeu. Vous pouvez très bien demander à votre mari: "Est ce que tu m'aimes ?" C'est le ressenti, la souplesse du jeu qui vous dicte cette question. Lui, par jeu, par souplesse, dira oui ou non, selon le moment. Mais il n'y aura plus l'intensité dramatique, psychologique. Vous savez très bien que le oui ou le non qu'il vous donne fait partie du jeu. Vous n'en attendez rien.
Si l'on entre vraiment dans la sensibilité dont nous parlons ici, le besoin d'être aimé - qui est à respecter - va s'éliminer. On croit avoir besoin des bras de quelqu'un, de la sécurité affective de quelqu'un, de l'amour de quelqu'un, de l'argent de quelqu'un... Non. Ce que l'on cherche dans cette relation, c'est la tranquillité, l'absence de besoins. S'en rendre compte, voilà une constatation vraiment scientifique.
Rien ne change alors. La vie continue comme avant. Simplement, au lieu de demander quelque chose à une relation, vous donnez quelque chose à cette relation. Au lieu de demander à être aidé par la relation, vous aidez la relation. Ce n'est pas un acquis, c'est sur l'instant. L'instant d'après, vous vous découvrez de nouveau en train de prétendre que vous dépendez de cette relation. Vous dépendez de cette situation et vous en subissez les conséquences affectives. Vous remarquez cette attitude et de nouveau tout se vide.
Vous ne pouvez pas être libre à jamais. Cette vision n'existe que dans l'instant. L'instant d'après, un nouveau fantasme peut survenir, et être reconnu comme tel.
Quand on laisse vivre ses émotions, elles se réfèrent à ce qui semble être une émotion primordiale, que nous avons appelée "tranquillité". "
Girls and Sport Cars... la vraie vie quoi ! Ben quoi, comment ça j'ai rien compris ?! |
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