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dimanche 6 mai 2012

La joie sans raison

Ces petits passages, tirés du livre "le seul désir", d'Eric Baret, décrivent bien, je trouve, le cheminement de l'éveil (si on veut mettre des noms sur ces choses là, mais mieux vaut éviter)... comme disait Ma Ananda Moyi, il vous sera donné selon votre effacement...lorsqu'une certaine maturité, un certain contact intérieur se fait, on peut commencer à arrêter de se chercher ailleurs que là où l'on est déjà... autre chose que ce qui est sera-t-il fondamentalement mieux, une fois le fantasme épuisé ?... tranquillité...vrai refuge...demeure éternelle... je n'ai rien à ajouter aux lignes ci dessous, si ce n'est que cette attitude, cette façon d'entrer en relation avec les gens et les choses, ne doit pas exclure, à mon sens, d'avoir des préférences et des rêves aussi, mais de façon légère.. il faut aussi savoir, comme disait Arnaud Desjardin, que toute chose obtenue amène avec elle des conséquences non voulues... donc l'attitude de ne plus rien demander est aussi valable (puisque de toute façon des évènements sont inscrits au plan d'âme aussi)... c'est à chacun de faire comme il le sent, créer ou simplement être accueil pour ce qui se présente, ou les deux... pas de système ni d'idéologie..
Ci dessous, extrait "Le seul désir", édition Almora. 
"Simplement, un basculement se fait: on ne se cherche plus dans la situation; on ne se cherche plus dans l'objet. On continue de fonctionner comme avant, mais on n'attend plus rien. On est disponible à tout. Il y a une forme d'émerveillement à voir ce qui peut venir, ce qui va venir, que ce soit la souffrance, la vieillesse, la pauvreté, la guerre, la santé, la richesse, la paix. On n'a plus d'a priori. Tout ce qui arrive à l'humain, on est prêt à y faire face. Le corps répondra à sa manière, mais on n'a pas d'a priori. L'hivers et l'été sont inséparables.
Faire face clairement à mes obligations, à mon fonctionnement, mais ne rien en attendre. Une forme de clarté, de disponibilité vient alors. Je ne me cherche plus dans ma famille, dans mon travail, dans mon corps, dans ma pensée; je cesse d'être un dictateur, d'exiger de ma mère, de mon père, de mon corps, de mon psychisme, de mon pays qu'ils soient comme je veux qu'ils soient. Je respecte que ma mère, mon père, mon pays fonctionnement à leur manière. Même chose pour mon corps et mon psychisme.
Petit à petit s'installe chez certains êtres le pressentiment qu'ils n'ont pas à se trouver dans leurs activités, c'est à dire qu'ils n'ont pas à chercher le bonheur dans ce qu'ils font. Je ne demande plus à mon mari de me donner le bonheur, pas plus qu'à mon enfant, à mon travail, à mon corps, à ma famille, à ma race, à mes convictions, à mon compte en banque. Je me rends compte que la disponibilité fondamentale en moi respire indépendamment de ces éléments. Souvent je m'y accroche de nouveau; mais peut à peut, quand je me donne à un ressenti corporel sans intention, il y a dans la journée des moments de très grande joie, sans raison. Mon enfant est toujours aussi insupportable, ma femme est toujours aussi difficile, mon état de santé ne s'est pas amélioré, je ne sais toujours pas comment payer le loyer.... mais je me promène dans la rue et je me sens satisfait; et si, à ce moment-là, je rencontre un grand magicien capable d'exaucer mes voeux, je ne souhaite rien ! Tout ce que l'on pourrait me donner, je n'en ai pas besoin.... se familiariser avec ces moments... Alors, dans la vie familiale, professionnelle, corporelle, on devient vraiment opérationnel. Et l'on ne demande plus rien.
Quand on ne demande plus, on donne. Et l'on a réalisé l'essentiel, parce que donner est la nature profonde des choses. Pour donner, il faut se rendre compte que l'on n'a rien. Tant que l'on prétend avoir quoi que ce soit, on ne peut rien donner. Si je réalise profondément que je n'ai rien dans ma poche, une résonance se fait en moi. Cette résonance n'est que don. Là se trouve la joie, la paix. Mais tant que je veux quoi que ce soit, tant que j'ai besoin que l'on me donne, que l'on m'aime ou me respecte, je suis dans le manque, dans la misère, parce que je nie ma nature essentielle, qui est de donner."

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