J'ai bien aimé ce passage d'Arnaud Desjardin (dans le livre "Tu es cela")..
Ceux qui en sont là comprendront..
Quand vous êtes sur le petit bord et que vous êtes prêt, la vie a le chic de vous le proposer et le re proposer encore, en vous faisant miroiter des choses plaisantes qui sont retirées au dernier moment, c'est en fait assez comique une fois qu'on comprend tout ça, même si cela peut faire horriblement mal quand on est scotché à notre couche émotionnelle..
"Laissez-moi vous redire que ce lâcher-prise n’est pas une petite affaire, qu’il s’agit vraiment
d’une mort. C’est une mort qui doit être réussie, c’est-à-dire conduire à une vie plus vaste et non pas à une mutilation, une dépression, une frustration – mais c’est une mort. On s’en rend compte peu à peu, à mesure qu’on commence à progresser sur un vrai chemin. Si bien que vient un moment où les illusions sincères du début sont tombées et où l’on se trouve dans cette situation que tous les disciples ont traversée : « une part de moi a peur et refuse d’y aller et pourtant j’y vais », à l’image du Christ qui s’est rendu à Jérusalem en disant, pour l’édification de deux mille ans de chrétiens : « Père, épargne-moi cette coupe si possible, mais qu’il soit fait selon Ta volonté. » Chacun doit passer par cette étape : je sais que je vais aller jusqu’au bout mais Dieu sait si je refuse d’y aller, et si une part de moi crie : non, non,non ! je ne veux pas.
Il m’était revenu à l’esprit en Inde une parole historique – « Tu trembles, carcasse, mais tu tremblerais encore plus si tu savais où je te conduis. » Et j’interprétais cette phrase comme ceci : « Tu trembles, carcasse, et tu trembles encore plus parce que tu sais très bien où je te conduis. »
En 1967, au moment où j’étais engagé enfin sur le vrai chemin après avoir commencé par essayer de ruser avec Swâmiji, d’en prendre et d’en laisser et où cette phrase m’était montée à l’esprit, il s’est trouvé qu’au cours d’un entretien, j’ai demandé à Swâmiji : « Mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas envoyer encore quelques personnes à Swâmiji ? » Il a répondu : « Non, c’est fini, Swâmiji ne verra plus de nouveaux venus » – sous-entendu ; jusqu’à la fin de sa vie. Il était déjà âgé, déjà cardiaque. « Mais, Swâmiji, il y a tant de gens qui m’écrivent à la suite de mes émissions TV... » Pourquoi avais-je produit ces émissions ?
C’était bien encore l’ego qui voulait les réaliser, c’était bien le karma et c’était aussi un dharma parce que je me suis senti enfin unifié, en paix avec moi-même, pour exercer cette activité.
Swâmiji me cite la parole de la Gita : « Sur mille hommes, il y en a un qui Me cherche. Sur mille personnes qui vous écrivent, il y en a une qui est vraiment prête à suivre le chemin.» – « Oui, mais Swâmiji, si je reçois deux mille lettres, cela fait deux personnes qui sont prêtes à suivre le chemin.» J’essaie de convaincre Swâmiji qu’il y a un petit nombre de candidats prêts à le rencontrer.
Tout d’un coup j’ai eu ce cri du coeur : « Mais, si Swâmiji ne peut pas les prendre en charge, qui va s’en occuper ? » Et Swâmiji a répondu : « You » – « Vous ». Cette réponse m’aurait grisé quinze ans plus tôt. Je n’ai pas pu ne pas l’entendre parce qu’on est attentif en face de Swâmiji – mais j’ai tout fait pour ne pas l’entendre ! Parce que, pour moi, cette réponse avait un sens précis et terrifiant. Au seuil de compréhension que j’avais atteint et au point d’attachement auquel j’étais, si c’est Swâmiji qui le sait, cela veut dire que ce ne sera pas une fantaisie de l’ego, un mensonge ou une trahison. Cela veut dire que je serai capable de le faire. Et, si cela veut dire que je serai capable de le faire, cela veut dire que j’aurai suivi jusqu’au bout mon propre chemin. Jamais je n’ai tant mesuré, en un instant, l’immensité de ma supplication : « Épargnez-moi d’aller jusqu’au bout du chemin. Non, non, non ! Je veux bien progresser un petit peu mais plus tard, plus tard ! Laissez-moi dans mes demandes, laissez-moi dans mes attachements, laissez-moi dans mes ambitions ! »
Tous les chercheurs ont vécu cette étape. Oh, non ! OH, NON ! Il y a ceux qui abandonnent et ceux qui continuent. Je vous assure qu’en 1967 je n’ai pas été exalté ni heureux : je n’ai pas voulu entendre. « C’est vous qui les prendrez en charge. » On en était loin. Et je souhaitais qu’on en soit le plus loin possible pour que cela signifie qu’il me restait le plus grand nombre d’années possible à vivre comme l’ego voulait vivre..."
Et pour ceux qui veulent aller plus loin, un blog sur Arnaud: http://fr.wikipedia.org/wiki/Arnaud_Desjardins
Je reviendrai par la suite sur le coeur de l'enseignement d'Arnaud, très bien exposé dans son ultime livre "la paix toujours présente", je n'ai pas fini le livre mais pour la première fois j'accroche bien, je trouve ça vraiment très bon..(même si cela pourrait être plus fun mais chacun son style..ce n'est pas l'important) comme une synthèse qu'il a fait de tellement d'années de compréhensions et de rencontres...pour condenser dans ce qu'il faut retenir pour retrouver son centre, sa structure (personnelle ou impersonnelle peu importe les mots).
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